Pourtant, les statistiques montrent qu'une minorité de la population suisse dispose de ce document – alors qu'il peut être décisif à tout âge.
Un accident de voiture, un AVC, un coma à la suite d’une intervention chirurgicale peuvent survenir à 30, 40 ou 50 ans. Et quand ces situations se présentent, il est trop tard pour exprimer ses volontés médicales. Vos proches devront deviner ce que vous auriez voulu, dans l'urgence et l'émotion.
Alors que si vous rédigez vos directives anticipées en bonne santé vous gardez le contrôle sur ses soins médicaux futurs et évitez à votre famille un poids émotionnel insupportable.
Qu'est-ce que les directives anticipées ?
Les directives anticipées sont un document juridique qui vous permet d'exprimer vos volontés concernant vos soins médicaux pour le cas où vous ne seriez plus en mesure de le faire vous-même – à cause d'un coma, d'une inconscience prolongée, d'une démence avancée ou de toute autre situation vous empêchant de communiquer.
Elles sont régies par le Code civil suisse (art. 370 à 373 CC) et s'imposent aux médecins et au personnel soignant. Vos choix doivent être respectés.
Vous pouvez y préciser vos souhaits concernant la réanimation cardio-respiratoire, l'alimentation et l'hydratation artificielles, les soins palliatifs, la ventilation mécanique, les traitements de maintien en vie, le don d'organes, et même le lieu où vous souhaitez être soigné.
Vous pouvez également désigner un représentant thérapeutique : c’est-à-dire une personne de confiance qui prendra les décisions médicales à votre place en respectant vos volontés.
Directives anticipées en Suisse : pourquoi les rédiger même si on est en bonne santé
1. L'incapacité de discernement peut arriver à tout âge
Un homme de 35 ans en pleine forme fait un accident de moto et se retrouve dans le coma. Une femme de 42 ans subit un AVC pendant son sommeil. Un jeune de 28 ans fait une réaction allergique sévère et perd connaissance.
Dans tous ces cas, ces personnes ne peuvent plus exprimer leurs volontés. Leurs proches, plongés dans l'angoisse, doivent prendre des décisions déchirantes sans savoir ce qu'ils auraient vraiment voulu.
Rédiger vos directives anticipées maintenant, c'est vous assurer que vos choix seront respectés, quel que soit l'imprévu qui pourrait survenir.
2. Protéger vos proches d'un poids émotionnel insupportable
Vos proches sont convoqués d'urgence à l'hôpital. Vous êtes entre la vie et la mort. Les médecins leur demandent de décider : réanimation ou non, alimentation artificielle ou non, poursuite des traitements intensifs ou non.
Comment peuvent-ils répondre sans connaître vos volontés ? Comment vivront-ils ensuite avec le doute d'avoir pris la bonne décision ?
Les directives anticipées déchargent vos proches de ce fardeau. Ils n'ont plus à deviner, à se disputer, à culpabiliser. Ils savent exactement ce que vous voulez et peuvent se concentrer sur leur présence à vos côtés.
3. Faire respecter vos valeurs personnelles
Nous avons tous des convictions différentes sur la fin de vie. Certains souhaitent que tout soit fait pour prolonger leur vie, quels que soient les moyens. D'autres préfèrent qu'on ne s'acharne pas si les chances de récupération sont minimes. Certains acceptent les soins palliatifs mais refusent la sédation profonde.
Aucune de ces positions n'est meilleure qu'une autre. Ce qui compte, c'est que vos valeurs soient respectées. Pour ça, il faut les avoir exprimées clairement, par écrit, de votre vivant.
4. Garder le contrôle même quand vous ne pouvez plus parler
Les directives anticipées sont un acte d'autodétermination. Elles vous permettent de garder le contrôle sur votre corps, votre vie, vos soins – même quand vous ne pouvez plus vous exprimer.
Sans directives, ce sont d'autres personnes qui décident pour vous : vos proches, les médecins, parfois même l'autorité de protection de l'adulte (APEA) si vos proches ne sont pas d'accord entre eux.
Rédiger vos directives anticipées, c'est affirmer vos limites et vos priorités.
5. C'est simple, gratuit et modifiable à tout moment
En Suisse, rédiger des directives anticipées est gratuit. Vous pouvez utiliser un modèle proposé par des organisations comme la Croix-Rouge suisse, la FMH ou Everlife. Vous n'avez pas besoin de notaire ni de témoin.
Vos directives ne sont pas figées. Vous pouvez les modifier à tout moment tant que vous êtes capable de discernement. Votre situation change ? Vos convictions évoluent ? Vous rédigez simplement de nouvelles directives qui remplacent les anciennes.
Comment rédiger ses directives anticipées ?
Réfléchir à ses valeurs
Avant de rédiger, prenez le temps de réfléchir : qu'est-ce qui compte vraiment pour vous ? Jusqu'où acceptez-vous qu'on aille pour vous maintenir en vie ? Y a-t-il des situations où vous préféreriez qu'on vous laisse partir ?
Discutez-en avec vos proches et votre médecin de famille.
Utiliser un modèle reconnu
Plusieurs organisations proposent des formulaires conformes au droit suisse. Chez Everlife, nous proposons également un modèle gratuit de directives anticipées, clair et simple à remplir qui vous guide à travers les différentes questions.
Désigner un représentant thérapeutique
Choisissez une personne de confiance qui connaît vos valeurs, qui saura défendre vos intérêts et qui aura le courage de faire respecter vos volontés. Cette personne doit accepter ce rôle. Parlez-en avec elle avant de la désigner.
Dater et signer
Vos directives anticipées doivent être datées et signées pour être valables. La date permet de s'assurer que c'est bien votre volonté actuelle.
Informer vos proches et votre médecin
Informez vos proches et votre médecin de famille. Donnez-leur une copie ou indiquez-leur où se trouve l'original. Vous pouvez aussi mentionner l'existence de vos directives sur votre carte d'assuré. Conservez l'original dans un endroit accessible : chez vous, chez votre médecin, ou dans votre espace personnel Everlife.
Directives anticipées et mandat pour cause d'inaptitude : quelle différence ?
Les directives anticipées et le mandat pour cause d'inaptitude sont complémentaires mais distincts.
Les directives anticipées concernent uniquement vos décisions médicales : quels soins acceptez-vous ou refusez-vous en cas d'incapacité de discernement.
Le mandat pour cause d'inaptitude concerne vos affaires personnelles, financières et juridiques : qui gérera vos comptes, paiera vos factures, prendra les décisions administratives.
Pour une protection complète, il est recommandé de rédiger les deux documents.
Le meilleur moment c’est de ne pas attendre d'en avoir besoin
On ne rédige pas ses directives anticipées quand on en a besoin. On les rédige avant d'en avoir besoin. Parce que quand le moment arrive, il est trop tard.
Rédiger ses directives anticipées à 30, 40 ou 50 ans, ce n'est pas pessimiste. C'est simplement être prévoyant.
Prenez une heure le week-end prochain. Réfléchissez à ce qui compte pour vous. Remplissez le formulaire. Signez. Rangez-le en lieu sûr !
